Une demande ... insolite?

Invité

Cela faisait quelques jours que le problème tourmentait le jeune homme. Il avait parcouru le chateau de long en large, avait interrogé nombre d'élèves, mais personne n'avait eu de réponse à fournir. Voire pire, cela n'avait semblé émouvoir personne.

Cette non réaction devait surement venir du fait de l'ambiance, froide et insécurisante mais aussi d'une certaine forme d'habitude. N'avait'il pas lui aussi assisté, pire même participé au meurtre d'une élève. A cette pensée, il porta son index recroquevillé à ses lèvres. *Repose en Paix Selena, tu l'as surement mérité maintenant.*

Il avait longuement hésité avant d'aller voir un professeur. La réaction pouvait être terrible et les conséquences non négligeable. Mais il fallait savoir. Une fois cela décidé, il fallait trancher. Quel professeur consulter? La première pensée fut d'aller trouver le professeur Joad. Son Directeur de Maison. D'un autre cotè, le Maitre des Potions risquait de ne pas avoir la réponse, ou même de s'y interresser. Il prit donc le parti d'aller voir le Professeur de Sortilèges, Directrice des ex Gryffondor.

Une fois devant la porte du bureau. Il executa une rapide exercice de respiration et frappa à la porte, attendant une réponse.

Miss Teigne finissait de rédiger les notes de conclusion des dossiers des élèves de sa maison, qu'elle savait vide, une fois de plus. Cette constatation lui fit lever les yeux au ciel. La constance des Quatrième Maison à provoquer leur propre perte l'exaspérait plus qu'elle ne voulait bien l'admettre.
C'est dans cet état d'esprit qu'elle entendit soudain qu'on frappait à la porte et elle sursauta. Elle n'était plus guère à l'aise dans le château depuis quelques temps, plus comme elle l'avait été si longtemps, considérant l'endroit comme son refuge.
Elle savait, de plus, qu'aucune nouvelle recrue ne devait venir se présenter, ce qui la poussait à penser à un collègue... idée finalement assez peu réconfortante à une ou deux exceptions près...
Elle préféra aller elle-même ouvrir la porte, de façon à faire clairement comprendre qu'elle n'était pas déstabilisée. Elle fut pourtant surprise en découvrant l'identité de son visiteur, elle n'en fit rien paraître et se contenta d'ouvrir plus largement, se retirant pour l'inviter à entrer.
- M. Mc Beamish... que puis-je pour vous ?
Seule cette interrogation pouvait se lire dans son regard. Le jeune homme était normalement sous la responsabilité du professeur Joad et ne lui avait pas semblé avoir besoin d'une aide quelconque en matière de sortilèges. Elle le laissa entrer, désignant au passage un siège en face de son bureau et reprit elle-même la place qu'elle occupait auparavant, faisant disparaître d'un geste tous les papiers qui en encombraient la surface.

Invité

Peu de temps après qu'il ait frappé, la porte du bureau s'ouvrit sur la Professeur de Sortilèges. Celle ci parut surprise de le voir, mais n'en montra rien de plus qu'un regard intrigué.

Que Miss Teigne se déplace pour ouvrir inquieta Padraïc. Peut être attendait'elle quelqu'un. Dans ce cas, sa requête aurait le plus mauvais effet. Déja que...
Peut être avait'il eu tort de venir. Une partie de lui même aurait souhaité qu'elle ne soit pas à son bureau. Mais quand même, il aurait donné cher pour se trouver un moment seul avec elle.

M. Mc Beamish... que puis-je pour vous ?

Dieu que cette phrase sonnait bien. Padraïc essaya de garder la tête froide, de ne pas se laisser subjuguer par de folles idées qui ne le conduiraient à rien si ce n'est du rejet et du mépris.
Voyant qu'elle l'invitait à s'assoir, Padraïc attendit qu'elle fut elle même assise avant de prendre place.

Il toussa legèrement avant de prendre la parole.

Bonjour Professeur. J'espère que je ne vous importune pas trop. Peu être attendiez vous du monde? Un mot et je m'en vais.

Voyant que Miss Teigne ne l'expulsait pas il continua. La pression montait, il craint même un moment de bafouiller, mais il réussit à articuler normalement.

Je me permet de me tourner vers vous, car je suis vraiment inquiet. C'est au sujet d'une élève de la Quatrième Maison.
Padraïc marqua une légère pause, afin de reprendre son souffle et de pouvoir enchainer.

Miss Soren. Cela fait quelques temps que je ne l'ai point vu, et j'ai peur qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. Si jamais elle avait disparu, dans la forêt, dans le lac ou dans un endroit mystèrieux du chateau, je suis volontaire pour participer aux recherches.

Padraïc regardait la Professeur dans les yeux. En espèrant que ca ne soit pas la pire idée du siècle que de venir parler de la disparition de Trinity à sa Directrice....

Bien calée dans son fauteuil et observant l'élève, il lui sembla que celui-ci avait du mal à formuler sa demande. Elle en conclut donc qu'il ne venait pas pour une question de cours qui n'aurait dû lui poser aucun problème.
Elle se contenta de hocher négativement la tête quand il demanda, par politesse, s'il ne l'importunait pas, attendant toujours qu'il en arrive à ce qui l'amenait véritablement.
Le début de sa demande la fit se raidir imperceptiblement, elle n'avait aucune envie de revenir sur le TP de sortilèges si telle était son envie, mais ne désirait pas non plus se montrer inutilement désagréable en lui signifiant qu'elle n'avait aucune justification à apporter.
Pourtant, la demande se porta vers une autre élève, une autre disparue... toujours de la même maison bien sûr. Elle ne chercha même pas à dissimuler l'ennui profond que provoquait ce sujet pour elle.
- Pour autant que cela puisse vous rassurer, Mlle Soren n'a pas disparu le moins du monde, nous avons l'habitude de savoir où se trouvent nos élèves en toutes circonstances.
Elle n'avait pas entièrement répondu, du moins pas à la partie implicite de la question. Elle s'était contentée de fournir très exactement les informations qu'il avait demandées, pas une de plus. Il la fixait avec une certaine anxiété et elle choisit de laisser son regard se perdre dans le vide, attendant qu'il réclame des précisions, puisque le sujet semblait lui tenir tout spécialement à coeur.

Invité

Au ton qu'avait employé sa professeur de sortilège, ainsi qu'à son attitude, Padraïc n'eut aucune peine à réaliser à quel point sa demande ennuyait. Il avait perdu des points aux yeux de Miss Teigne, et il s'en voulait. Toutefois, la réponse fournit ne lui convenait pas. Et puis tant qu'à perdre tout crédit auprès de cette femme, autant avoir une réponse claire.
Il se permit donc de reprendre l'entretien, en essayant de se montrer le moins impertinent possible.

Veuillez m'excuser si je vous importune de trop. Mais si pour vous il n'y a pas à s'inquieter car vous savez où elle se trouve, à mes yeux elle a toujours disparu. Pourriez vous me dire, s'il vous plait, ou elle se trouve?

Elle ne réagit pas davantage à son insistance qu'elle ne l'avait fait auparavant à sa proposition de mener des recherches approfondies dans le château pour courir à la rescousse de Mlle Soren.
Elle fixait toujours le mur, comme s'il n'était pas là à poser des questions sur un sujet qu'elle avait oublié presque au moment où elle avait refermé la porte sur l'élève.
- Je n'ai jamais prétendu, pour ma part, à la moindre inquiétude...
Elle ne faisait pas plus d'effort pour masquer l'ironie de cette réponse qu'elle n'en fournissait pour prêter attention à son interlocuteur.
- Mais puisque vous ne trouverez le repos qu'en la retrouvant elle-même, je vous suggèrerai d'aller faire un tour à Sainte-Mangouste.
Elle se tourna cette fois vers lui, et détacha les mots, presque les syllabes pour se montrer cette fois d'une clarté qu'elle espérait évidente, voire tranchante.
- En revanche, je ne peux vous donner ni l'étage, ni le numéro de sa chambre... Vous saurez sans doute utiliser au mieux votre don de persuasion pour soutirer ces informations capitales à l'accueil.
Elle ne s'était pas levée, mais son ton invitait très nettement le jeune homme à se retirer ou à changer de sujet.

Invité

Padraïc encaissa. La partie en lui qui était contre cette démarche lui susurra:
* tu vois, j'avais raison... Perdre son crédit auprès d'une telle femme, quelle nullité...*
Mais il se ressaisit rapidement. Trinity avait fini à Ste Mangouste. Il lui était donc arrivé quelque chose. Malgré son envie il se retint de poser de nouvelles questions. Soit elle y était à cause de l'équipe pédagogique, soit celle ci n'avait pas assuré son devoir de sécurité envers le public pris en charge. Mais d'ailleurs était ce encore un souci pour des gens comme eux?

Il allait se lever quand il repensa à sa seconde requête. Peut être était'il plus judicieux d'en rester la, et de tenter sa chance plus tard. D'un autre coté, cela faisait quelques mois qu'il y songeait, que ce projet le tarabustait. Il comptait en discuter avec le professeur Flitwick, mais ce dernier étant absent.
Et puis il ne pouvait tomber plus bas dans l'estime du Professeur de Sortilèges. Or, il ne souhaitait qu'une chose, c'était d'être avec elle et qu'elle l'estime à minima.

Il se remit à la regarder dans les yeux.

Je voulais vous soumettre aussi une autre requête. Plus en lien avec les activités normales et normatives d'une école de Sorcellerie.

Il ne savait plus très bien par ou commencer, les idées lui venaient en cascades et il tenait à les mettre en forme, avant d'essuyer une nouvelle réplique cinglante.

Voila, j'ai commencé à songer à un nouveau sortilège. D'après mes recherches, il n'existe pas encore. Mais je visualise bien les effets et quelques mécanismes pour qu'il puisse agir. Je voulais savoir... Je voulais savoir s'il était possible que vous m'aidiez dans mes recherches afin que je puisse achever sa création. Je suis prêt à travailler dur s'il le faut.

Le rouge au front, la gorge sèche et le coeur battant la chamade, Padraïc attendit la réponse. Inconsciement ses mains serrerent les acoudoirs.

Elle avait sans doute été plus cassante que nécessaire, mais la démarche du jeune homme lui paraissait, pour l'instant, aussi inutile que désagréable. Elle vit qu'il semblait atteint et supposa qu'il allait quitter le bureau sans en demander davantage.
Mais un soudain changement s'opéra, il semblait toujours un peu affaissé mais la fixait à nouveau, comme s'il avait encore quelque chose à demander. Elle pinça les lèvres, prête à se montrer encore plus définitive s'il essayait de connaître les circonstances qui avait menées la jeune fille à l'hôpital magique.
Mais le préambule qu'il choisit avant de se lancer modifia légèrement le regard peu amène qu'elle portait sur lui. Il semblait encore plus hésitant que pour sa première demande, crispé même et elle s'appuya de nouveau contre le dossier de son fauteuil. Il ne s'agissait pas vraiment d'un signe d'encouragement, simplement d'une incitation à exprimer clairement ce qu'il voulait.
- Un nouveau sortilège ?
La voix était toujours un peu métallique, mais le terrain était bien plus confortable... pas seulement pour elle.
- Evidemment, je peux vous aider, je suis là pour cela... Mais il faudrait m'en dire un peu plus.
Elle jeta un coup d'oeil à ses mains, crispées nerveusement sur le fauteuil, et se pencha un peu vers l'avant, pour lui permettre de se calmer un peu et surtout de comprendre que s'il abordait ce genre de thème, il pouvait avoir face à lui un professeur plus qu'un Mangemort.

Invité

C'était comme si toute la pression contenue en lui c'était évaporée, disparu. Il souffla même de soulagement. Soudain une euphorie s'empara de lui. Miss Teigne, cette femme superbe, quasi divine ne lui avait pas ri au nez. Mieux encore elle semblait interressée par ce qu'il avait à lui dire.

Lentement, il dessera son emprise sur les accoudoirs, et se força à reprendre une respiration normale. Il se prit même à lui sourire, furtivement.

Il se redressa, se raprocha un peu du bureau et attaqua son exposé. Rien n'était joué, mais la première étape venait d'être franchie. Peut être son projet verrait'il le jour.

Encore une fois, il rassembla ses pensées. Il avait répété mentalement cette scène un millier de fois mais s'affronter à la réalité était toujours plus difficile.

Alors voila. C'est un sortilège qui aurait son utilité en duel ou en combat. Il ne se base pas sur la destruction de l'adversaire, ni ne cause de dégats physiques. Les dégats psychologiques sont variables selon la cible, donc on va dire qu'ils ne sont pas à prendre en compte.
Par contre il peut permettre de réduire à quasi néant le potentiel physique et magique de la cible pendant une période donnée, cette période étant définie par les capacités d'analyse et d'adaptation de la cible.
Ce sortilège joue sur la confiance de tout un chacun sur ses acquis vis à vis de ce qui est, ou lui semble inné chez lui.

Craignant que la Professeur s'impatiente, il en vint au fait même. Il serait temps de débattre sur les applications plus tard.

Donc ce sortilège aurait pour effet d'inverser totalement ce qui est directeur dans la motricité de la cible. Ainsi il deviendrait gaucher si il est droitier, sa jambe porteuse changerait, de même que son oeil directeur etc... Ce sortilège ne doit jouer que sur une petite partie du cerveau et de la conscience de la cible.
Il serait tout aussi redoutable qu'un Tresensuamitto car avec ce sortilège la cible ne sent pas les effets directement. Elle est touché mais elle ne ressent rien, si ce n'est que quelque chose cloche. Et quand elle veut agir: patatra... Maladresse grave, perte d'équilibre, et détresse psychologique. Le jetteur du sort n'a plus qu'à ceuillir l'infortunée victime...

Un peu essouflé par son exposé, mais assez fier d'avoir pu le mener jusque là, Padraïc essaya de décrypter ce qui chez son interlocutrice pourrait lui donner des informations. Avait'elle apprécié? L'avait'il saoulé? Etait'il à coté de la plaque?

Elle écoutait les explications visiblement passionnées de Padraïc en songeant qu'il semblait avoir assez longuement étudié son sujet. Elle acquiesçait de temps à autre alors qu'il décrivait le sort et ses effets.
Quand il eut terminé, elle laissa passer quelques instants avant de rassembler les éléments de réponse qu'elle voulait d'abord lui soumettre.
- Un sort qui attaquerait directement le centre des fonctions motrices aurait bien sûr une grande utilité en duel. Evidemment, il est assez difficile de viser avec la précision suffisante...
Mais elle se dit qu'il fallait progresser par étapes. Elle se leva de son fauteuil et passa derrière lui pour aller consulter une imposante encyclopédie des sorts dans le rayonnage qui se trouvait derrière l'élève. Elle déplaça le volume à l'aide de sa baguette et l'amena vers un guéridon non loin de là. Les pages s'ouvrirent d'elles-même et s'arrêtèrent de tournoyer sur une description imagée des effets du Tresensuamitto sur les centres nerveux. Elle se retourna vers l'élève et lui fit signe de la rejoindre pour qu'il puisse voir le schéma.
- Comme vous le voyez, le sort relativement proche que vous évoquez frappe le cerveau dans sa quasi-totalité, en particulier, les lobes frontaux. Ce que vous décrivez demanderait une version beaucoup plus fine. Avez-vous déjà lancé un Tresensuamitto en duel ?
Elle s'était redressée pour qu'il puisse mieux voir la page indiquée, et songea en même temps que le jeune homme ne lui donnait pas l'impression d'avoir mené beaucoup de combats. Elle poursuivit donc
- L'idéal est de viser l'arête nasale, mais évidemment, il est très rare que votre adversaire ait la bonté de rester immobile, le visage tendu vers vous. Donc, dans la majeure partie des cas, le sort n'a qu'une réussite partielle et tourne au simple sortilège de confusion.
Elle l'observait pour savoir si l'encyclopédie l'éclairait par rapport à ce qu'il avait à l'esprit et attendit de voir sa réaction.

Invité

A la regarder, il sut que la seconde étape se déroulait plutôt bien. Elle l'écoutait attentivement. Elle ne l'avait pas coupé, ni montré de signe d'impatience. Quand le silence s'installa à la fin de son exposé, Padraïc se sentit soulagé. Il avait enfin exposé son projet. C'était comme un poids en moins sur le coeur. Maintenant il allait se confronter à la réalité. Il avait l'impression de grandir d'un coup, de murir... en quelque sorte.

- Evidemment, il est assez difficile de viser avec la précision suffisante...

Il n'avait que peu réfléchi à l'endroit où le sort devrait atteindre la victime. Il nota interieurement que cela devait être un sujet d'étude. Il en était là de ses réflexions quand Miss Teigne se leva.
Ne sachant trop s'il devait se lever à son tour ou rester assis, il n'eut pas le temps de réagir quand elle passa derrière lui. Mais ce n'était plus de bouger qui l'importait. Non, juste de trouver un moyen de fixer dans l'air son parfum. Il n'avait jamais été aussi proche d'elle, aussi ce délice olfactif, un mélange de jasmin, de fleur de la passion et d'une touche de vanille, était nouveau pour lui. Brusquement l'image d'un énorme livre flottant le fit sortir de sa rêverie. A contrecoeur, il suivit le grimoire du regard.
Quand Miss Teigne lui fit signe de venir à ses cotés, il ne se fit pas prier deux fois. Mais c'est avec un effort surhumain qu'il reprit ses esprits.

*le sortilège et sa création, c'est la dessus que je dois me consacrer*

Il se pencha sur les plans en coupe de cerveau humain et les observa. Jamais on ne lui avait montré ce coté ci des choses. Certes certains cours des Professeurs Flitwick ou Mc Gonagall avaient porté rapidement sur les effets directs sur le corps, mais jamais a ce point. Ces anciens professeurs craignaient'ils quelques chose à enseigner ainsi?
Il ne put cependant s'empecher de rougir quand elle fit mention de sa faible experience dans le domaine des duels. Il regarda Miss Teigne.

Le seul professeur qui a voulu nous apprendre quelque chose en duel était Lockhardt l'écrivain. Peut être cette année aurais je plus de chance.

Puis il revint à l'étude du schéma. Il approcha sa main des croquis, frolant ainsi au passage le bras de sa Professeur. Il désigna quatre points situés de chaque coté du crane.

Peut être dans ce cas, peut on tenter de trouver différentes entrées permettant un fonctionnement optimal du sort. Ainsi un coup porté derriere le crane atteindrait directement l aire visuelle, se frayant ainsi un chemin efficace vers le système limbique et enfin le cerveau reptilien, qui me semble être la vraie cible.

Padraïc se tourna vers la Professeur. Il chercha dans son regard une confirmation ou une infirmation de ses dires, de ses réflexions...

L'élève était penché sur l'épais volume et semblait plongé dans l'observation du schéma. Elle voulait qu'il visualise exactement les points qu'il se proposait de frapper, mais aussi qu'il puisse suivre l'impact du sort sur l'ensemble du corps.
Elle ébaucha un sourire à l'évocation du professeur Lockhardt et précisa, pour que le jeune homme ne ressente pas son manque d'expérience en duels comme une faute qui serait à lui imputer
- Oui, j'étais là... et même de ma position à l'époque, je pouvais voir à quel point tout cela était lamentable, insuffisant. Mais vous devriez avoir à présent de nombreuses occasions de tester véritablement vos aptitudes.
Elle en revint au croquis qu'il avait étudié entre temps et se déplaça en se rendant compte qu'elle le gênait pour en observer l'intégralité.
- Excusez- moi...
Elle se plaça en face de lui et se pencha sur les points qu'il lui indiquait
- Ce que vous proposez, c'est en fait d'inverser le sens normal des transmissions, de ne plus envoyer les sensations des récepteurs vers le cerveau mais de certaines parties du cerveau vers les organes ou membres qu'il commande... Donc, vous pouvez aussi viser le cervelet qui est un centre nerveux, mais très difficile à atteindre, comme vous pouvez le constater.
Elle le lui désigna du doigt et suivit ensuite les multiples lignes pour lui montrer l'étendue des dégâts qu'un tel sort pourrait causer. En dessinant ainsi une sorte de toile d'araignée partant du crâne vers l'ensemble du corps, elle releva la tête vers lui. Il était anxieux de vérifier si ce sort était valable, mais il y avait peut-être un aspect qui lui échappait dans son enthousiasme.
- Mais avez-vous bien réfléchi aux conséquences ? Vous voyez là à quel point votre sort, correctement lancé, peut affecter tout le système nerveux.
Elle referma lentement le livre pour qu'il se détache de l'aspect très théorique du dessin
- Concrètement, cela veut dire que vous pouvez provoquer chez la personne qui le recevra une douleur fantomatique, mais qui semblera terriblement réelle. Que vous pourrez lui couper la respiration, lui faire perdre entièrement l'usage d'un membre. Vous ne parliez que de désorientation, tout à l'heure... mais les possibilités, et donc les risques, sont multiples.
Elle essayait de voir à quel point ce nouvel angle pouvait altérer son désir de créer le sort.
- En atteignant le cerveau reptilien, vous pouvez modifier une personnalité, transformer l'agneau en loup... ou l'inverse.
Elle rouvrit le livre à une page différente, une vue très nette de ce qu'on appelait un écorché. Elle lâcha assez brutalement les pages qui claquèrent sur la table et retourna se placer à côté du jeune Poufsouffle.
- Observez bien l'intégralité du réseau et pensez que vous voulez frapper au coeur, M. Mc Beamish.
Elle avait très nettement baissé la voix, pour ne pas interférer dans les réflexions que ses remarques devaient provoquer. Elle savait déjà comment ils pourraient approfondir cette recherche, mais il lui fallait d'abord être sûre que l'élève était impliqué.

Invité

L'angoisse et l'anxièté avaient définitivement quitté l'esprit de Padraïc. Il était tout entier à ce qui se déroulait dans cette pièce. Il en était même surpris que sa professeur de Sortilèges s'investisse autant.
Quand il s'était imaginé et rejoué la scène, il n'était pas allé aussi loin. Pour lui, le plus dur était d'arriver à exposer son projet. En réponse il s'était attendu à un renvoi à la bibliothèque avec une bibliographie conséquente. Mais de voir que Miss Teigne s'était prise au jeu le ravissait. A tel point qu'il avait du mal à s'empécher de ne pas sourire.
Miss Teigne prit position face à lui. Etre ainsi ensemble dans la recherche des mécanismes d'action à developper le stimulait au plus haut point. Par ses remarques, mais aussi par ses silences, ses déplacements elle le faisait cheminer vers le but à atteindre. Cet exercice intellectuel le fascinait.

Atteindre le cervelet... Effectivement il faudrait que le sort soit suffisament puissant pour franchir les défenses et les enveloppes, mais sans non plus avoir a littéralement creuser. Les tissus ne doivent pas être endomagés, sinon ce ne serait qu'un sortilège de boucher psychopathe. Existe t'il un moyen de moduler la puissance du sortilège durant l'action? Qu'il arrive doucement sur la victime, prenne un peu plus de vigueur a l'entrée du cortex, revienne à un rythme plus souple afin de ne pas endomager les tissus et finir en puissance lors de l'impact avec le cervelet.

La Professeur de Sortilège referma alors l'ouvrage, et attaqua un sujet plus délicat. Un sujet qu'il n'avait pas entrevue jusque là. Pour lui les effets de ce sortilège étaient clairs et sans gravité à moyen et long terme. Ainsi elle lui faisait toucher du doigt une question brulante.
Il prit un instant de réflexion, puis regarda Miss Teigne tout en levant la manche qui lui couvrait l'avant bras droit. Elle ne pouvait pas louper les terribles cicatrices qui le parcouraient.

Je connais le prix de la magie. Je l'ai ressenti en ma chair. On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs; même si c'est toujours ennuyeux d'être l'oeuf. La dernière partie de la phrase avait juste été murmurée par Padraïc, suffisament fort toutefois pour que Miss Teigne puisse l'entendre et y décéler un pointe d'aigreur. Il se ressaisit rapidement et d'un geste vif fit replonger sa manche sur son bras. Il replongea ses yeux dans le regard de Miss Teigne et se prit à sourire.
Peut être qu'au vu de la gravité du sujet, dois je m'y pencher plus amplement? Mais vous aviez commencé à me montrer un nouveau croquis...

Elle en était venue à guetter ses réactions à présent que le sujet prenait une tournure plus sombre, et sans doute plus inattendue pour l'élève. Elle nota cependant qu'il ne perdait pas un mot de ses explications et qu'il suivait attentivement toutes les lignes qu'elle lui avait désignées sur le schéma. Quand il décrivit le cheminement que devait prendre le sort, elle essaya de se faire une image mentale de ce parcours délicat mais qui respectait malgré tout une forme d'enchaînement très naturel.
- Il est toujours possible, par des mouvements très précis et parfaitement synchronisés, de moduler la puissance, de modifier un angle ou une position. Rien ne vous oblige en effet à causer des dégâts, bien au contraire, vous verrez qu'un sort puissant mais ciblé, parce qu'il vous oblige à rester parfaitement attentif à toutes les étapes que vous décrivez, devrait sans peine pouvoir forcer les barrières et n'atteindre son apogée qu'au moment où vous le désirerez.
Elle pourrait toujours lui proposer ensuite de pratiquer une démonstration pour vérifier sa dextérité. Mais à présent, le livre était clos et le jeune homme s'était perdu dans une réflexion qui portait plus sur les conséquences de son sort que sur les mouvements à effectuer pour le réussir.
Elle s'attendait sans doute à un recul, ou au moins à une réticence, en se basant sur les réactions qu'il avait eues lors du TP mais rien de la sorte ne se présenta ouvertement, soit qu'il ait depuis acquis un peu plus d'assurance, soit pour une raison plus intime...
Cette seconde idée fut confirmée par son geste un peu brusque. Elle avait suivi le mouvement des yeux et vit très nettement l'état général du bras. Elle ne laissa rien paraître, mais il lui avait semblé, pendant le court instant où l'élève avait consenti à s'exposer, que de telles blessures ne pouvaient guère être le fruit d'un accident.
Elle fit avancer deux chaises qui servaient très peu et étaient remisées contre le mur, jusqu'au guéridon. Elle prit place elle-même et encouragea d'un signe Padraïc pour qu'il l'imite. Sa tentative pour dédramatiser l'ensemble et afficher malgré tout un timide sourire lui donna à penser qu'il préférait encore garder pour lui certaines blessures. Elle choisit donc de ne pas répondre directement à sa proposition de s'expliquer, elle n'avait aucune raison de vouloir le forcer à aller plus loin qu'il ne le désirait.
- Le monde magique peut paraître idyllique quand on l'observe de loin, tout y semble facilité. Nous n'avons pas à souffrir des petits inconvénients du quotidien comme les Moldus. Mais finalement, nous sommes tous marqués à vif par cette élection qui n'en est pas toujours une. Comme vous le dites, la magie a son prix. Certains ont simplement la chance de ne le payer que tardivement...
Alors qu'elle terminait à voix très basse, elle-même porta la main vers son avant-bras gauche qu'elle serra légèrement, elle ne releva pas la manche, c'était bien inutile, mais elle grimaça légèrement en ressentant la brulûre constante. Le parallèle pouvait éventuellement dégoûter l'élève parce qu'elle avait choisi sa Marque, mais elle le fixait en même temps, comme pour lui faire comprendre que les apparences ne s'appliquaient pas forcément...

Invité

Padraïc se sentait soudain mal à l'aise. Le vide semblait l'avoir envahi; vide bientôt suivi par une forme oppressante d'angoisse. Sa respiration se fit plus pénible. Une sorte d'étau lui comprimait les cotes. Miss Teigne avait du lire en lui comme dans un livre ouvert. En effet les deux chaises étaient les bienvenues. Un instant il eut même l'impression que ce nuage bleuté l'entourait à nouveau. Un courant froid le traversa. Il palit un peu et serra les dents.

* Ne pas flancher maintenant. Ressaisis toi, ressaisis toi.*

La voix de Miss Teigne lui parvenait de loin, puis de plus en plus près. Peu à peu, le sentiment de panique se dissipa, il reprenait le controle. Il était reconnaissant envers Miss Teigne d'avoir agi comme elle l'avait fait. Sa présence lui donnait les forces nécessaires. Il se concentra sur le sujet initial. Les paroles de sa professeur lui revinrent en mémoire.
Ainsi donc il était possible de moduler la puissance d'un sortilège durant l'action de celui ci. Toutefois, il fallait garder sa concentration tout au long du processus. Plusieurs questions se bousculaient dans sa tête.
*Surtout ne pas poser la plus débile*

Je suppose que l'utilisation répétée d'un sortilège fait que l'on gagne en confiance en soi. Plus on réussit, plus on sait que l'on le maitrise. Donc une certaine baisse de vigilance. Est ce que cette baisse de vigilance peut entrainer des conséquences néfastes sur les effets du sortilège. Ou alors le fait de bien maitriser le sortilège, dans toutes ses composantes fait que l'on peut se laisser gagner par cette habitude sans que cela n'en altère les effets. Je ne sais plus si je suis très clair en fait.

Une fois sa question posée, il se reconfronta au vide. Sa tentative avait fait long feu. Le geste esquissé par Miss Teigne ne passa pas inaperçu. On lui avait déja dit que la Marque des Ténèbres était source de douleurs fréquentes. Relevant le regard il vit que la professeur le fixait. Son regard n'était pas dur, ou inquisiteur. Non quelque chose de quasi amical, voire de protecteur. Ce regard lui remit du baume au coeur. Presque sans le vouloir il approcha doucement sa main vers l'avant bras de la professeur. Il arreta son geste a quelques centimètres de la manche.

D'une voix douce, presque un murmure

Est ce douloureux? Pourquoi? Pourquoi s'infliger ça dans sa chair?

L'élève semblait complètement effondré, comme si le simple fait d'avoir dévoilé ses cicatrices ravivait chez lui une sorte de faiblesse, comme s'il revivait la scène. Il se laissa pratiquement tomber sur la chaise qu'elle venait d'apporter.
Elle pensa un instant lui proposer de sortir, ou au moins d'ouvrir la fenêtre mais il se reprit, et réussit même à parler encore du sortilège, de la manière de le lancer.
Elle lui répondit machinalement, tout en scrutant son visage pour vérifier que ce n'était pas qu'une façade et qu'il n'allait pas réellement être pris de malaise.
- Lorsqu'on maîtrise totalement un sort, après beaucoup d'entraînement, parfois beaucoup d'échecs, il devient machinal en effet, mais il faut toujours garder la concentration, l'intérêt suffisants. Au bout de quelques temps, la technique est acquise mais il faut conserver l'intention de le réussir, et bien.
Il avait toujours le regard absent et était très pâle quand elle lui tint son petit discours tout théorique sur la magie et la souffrance qu'elle pouvait apporter. Mais quand il sembla enfin capable de relever la tête, elle vit que son regard était à nouveau fixé sur le moment présent.
Il avança la main vers elle mais stoppa juste à temps. Son geste vers la Marque n'était pas passé inaperçu et elle le regrettait à présent. Elle hésita à lui répondre, puis se dit qu'une version honnête mais abrégée, valait mieux qu'un silence pesant.
- C'est le prix à payer parfois quand on veut en savoir trop... Elle est souvent douloureuse, pas toujours physiquement...
Elle n'en dirait pas davantage sur le sujet, laissant au jeune homme le soin de comprendre ce qu'il voudrait selon son point de vue ou ses éventuels a priori. Elle se renfonça dans sa chaise et attendit de voir s'il allait continuer sur ce sujet ou s'en tenir au sortilège.

Invité

Un signal d'alarme s'activa dans son cerveau aussitôt que la Professeur de Sortilège eût répondu. La réponse était brève, mais les non dits semblaient explicites.
Padraïc marqua un silence.
Il était surpris de s'être autorisé à lui poser ainsi des questions personnelles, surtout sur un sujet aussi délicat. Aussi qu'elle ait pris la peine de lui répondre, avec visiblement une certaine sincérité lui donnait du baume au coeur. Il se plut à imaginer qu'elle lui portait un certain interêt, qu'il bénéficiait d'un minima de considération.
Il sentit les couleurs revenir sur ses joues et le sentiment d'être glacè disparaître.

Miss Teigne s'était replacée à son aise dans sa chaise. Machinalement, décrivant un mouvement de balancier, il se pencha légèrement en avant, vers elle. Son attitude n'avait rien d'agressive, mais inconsciement, il voulait juste maintenir cette proximité.

Comment ce climat s'était'il instauré? C'était pourtant très mal parti. Mais peu à peu, sa demande concernant ses envies et son projet, la disponibilté de Miss Teigne, l'étude approfondie et minutieuse des differentes facettes et approches du sortilège, des effets escomptés et involontaires sur la cible, des rythmes et impulsions a donner à chaque instant... tout cela avait contribué à ce que Padraïc voyait comme un début de relation de confiance.

Peut être, est ce en ce lieu et avec elle qu'il allait obtenir des réponses. Personne de confiance n'avait osé lui en parler, et ceux qui l'avaient fait étaient plus des gens curieux attirés par une anomalie. Avec elle, cela semblait différent. Aussi, pour la deuxièmle fois, non sans émotion, il osa:

D'un coup, je fus entouré d'une sorte de nuage bleu. Il était froid, très froid. Quand je me suis réveillé, j'étais dans cet état. Vous dont c'est la spécialité, que m'est'il arrivé? Pourquoi les autres font des choses innocentes alors que pour moi, la magie s'est déclarée de façon agressive envers moi?

Paradoxalement, la mention de la Marque et la brève explication qu'elle avait fournie à son sujet semblèrent presque apaisantes pour le jeune Poufsouffle.
Il se pencha dans sa direction, sans doute parce que le sujet qu'il allait aborder demandait un ton de confidence.
Elle avait noté sa réticence première à dévoiler son bras et pensait qu'il saisirait la moindre occasion pour passer à autre chose. Il avait donné l'impression qu'il s'exprimait involontairement et qu'il le regrettait. Pourtant, il décida de lui-même de reprendre ce sujet.
Pendant le bref moment où il lui avait été donné de voir son bras, une réponse lui était passée par l'esprit, mais elle savait que celle-ci était incomplète, en tout cas insuffisante.
Elle tendit une main vers lui, marquant une légère pause.
- Vous permettez ?
Puis, voyant qu'il ne se retirait pas, elle souleva doucement sa manche, regarda quelques instants ce qu'il dissimulait et, imitant le geste qu'il avait eu plus tôt, la rabattit entièrement.
Elle reprit sa position initiale et croisa les bras devant elle, ne sachant à quel point il voudrait vraiment savoir.
- Vous avez été victime d'un Altra Eversio, un sortilège de magie noire, comme vous le savez sûrement... mais vous n'étiez pas la cible, c'est une forme de ricochet qui vous a atteint.
Le sortilège de destruction aurait pu expliquer une cicatrice, mais pas sa profondeur, pas sa durée ni même son importance... Elle poussa un léger soupir avant de poursuivre. Si le jeune homme voulait vraiment connaître la réalité, il devait en affronter tous les aspects.
- Je suppose que vous étiez jeune, très jeune, sans doute trop jeune... Un sort indirect n'aurait pas dû vous affecter à ce point, ni au physqiue, ni au moral. Je ne sais rien de vos origines, M. Mc Beamish, mais la seule justification de l'état de votre bras est que vous avez voulu riposter. Involontairement, inconsciemment. La réponse qui vous est venue devait être de renvoyer le sort vers son expéditeur.
Elle avait baissé la voix, fixant les yeux très noirs et un peu éperdus avant de terminer.
- Vous avez voulu lancer un sort de magie noire avant même de maîtriser la magie, ce sont les conséquences de cet acte qui vous ont affecté et qui vous marquent encore...

Invité

Il ne savait pas si elle répondrait aux questions posées. Il avait tenté de se contenir au plus haut point. Par experience, il savait qu'il menaçait d'exploser chaque fois qu'il s'orientait dans ce genre de réflexion.
Il ne s'était jamais autorisé à en discuter à ce point avec un adulte, professeur qui plus est, le terrifiait. Il avait toujours eu peur de pas savoir se maitriser, et de se transformer en boule d'agressivité.
Tout comme pour sa demande concernant l'étude sur la création d'un nouveau sortilège, la réalité démentait ce qu'il s'était imaginé.

Ainsi il acquiesca quand Miss Teigne lui demanda l'autorisation de regarder son bras.
Par contre, le frisson qui le parcourut quand elle avança la main et quand elle releva sa manche était tout simplement divin. Quoi qu'ait pu lui annoncer sa Professeur de Sortilège, il n'oublierait pas cette sensation. D'un coup il se sentait en éveil, vivant.
Il écouta néanmoins ce qu'elle avait à lui dire. Il nota ses hésitations, essaya de se les remémorer afin de pouvoir la relancer dessus ultérieurement.
L'annonce du nom du sortilège le fit quand même frémir. Un Altra Eversio . Mais ce n'était rien par rapport à la surprise qu'il encaissa après. Chez lui la magie s'était revelée, mais non pas une magie gentillette qui aurait repeint les fleurs du jardin de sa mère en rose, mais sous sa forme la plus bestiale, la plus violente et destructrice

L'Altra Eversio consiste en quoi exactement? Je n'ai vu le nom que dans une vieille liste de sortilèges déconseillés aux plus inexpérimentés, un jour ou je consultais un ouvrage à la bibliothèque.

Il voulut lui laisser le temps de répondre, mais une autre question lui vint. Une question qui s'imposait à lui.

J'aurais donc tenté d'utiliser la magie noire. Mais pourquoi pas quelque chose de plus simple, de moins risqué? Un stupefix ou un Lashlabask? Ca aurait été plus normatif, non?

Elle vit nettement le trouble qui le saisit, trouble compréhensible si l'on considérait le type d'informations qu'il venait d'entendre. Elle expliqua brièvement, en réponse à sa première question :
- L'Altra Eversio est ce que l'on appelle le sortilège de Destruction noire. Il explique l'étrange luminosité que vous avez perçue. Le nom à lui seul vous donnera un aperçu des effets souhaités, et c'est pour cela que je suis sûre que vous n'étiez pas directement visé.
Mais le jeune homme avait une autre question, sans doute plus importante à ses yeux que tout le reste. Il cherchait une explication où il n'y en avait pas. Elle le fixa un instant sans répondre, secouant légèrement la tête. Elle essayait d'être sûre qu'il aurait passé le premier moment d'émotion et qu'il écouterait sans être distrait :
- Vous n'avez rien choisi. Vous avez voulu vous protéger, protéger quelqu'un d'autre peut-être. La forme la plus instinctive de la magie ne passe jamais par les sortilèges les plus anodins. Elle est toujours créatrice ou destructrice. Dans votre cas, et sans doute à cause de votre méconnaissance à l'époque de tous les sorts qui auraient pu vous être utiles, vous avez procédé de façon automatique : votre esprit a refusé une attaque, vous l'avez renvoyée.
Elle se pencha vers lui, parlant de façon intelligible mais sans le lâcher du regard.
- Ce n'était qu'une réplique. Vous parliez tout à l'heure de certaines fonctions primitives du cerveau, ce sont elles qui se sont exprimées pour vous le jour de cet "accident", vous n'y avez mis aucune intention. Mais l'étendue de cette trace et le malaise intense que vous décrivez ont été produits par une partie plus réflexive, celle qui percevait en vous l'impossibilité physique de riposter et même votre refus profond de le faire.

Invité

Les propos de Miss Teigne le rassuraient, le sécurisaient. Des pensées submergeaient le cerveau du jeune homme. Il ne savait s'il devait se laisser aller, sombrer dans la catatonie, fuir de ce bureau en courant, ou tenter de faire face.

Il réalisa que ce n'était pas uniquement les paroles de son Professeur qui le sécurisaient. C'était sa présence, la proximité dans laquelle ils se trouvaient. Il aurait apprécié de se blotir dans ses bras, tellement il se sentait mal... Non ce n'est pas vraiment ce qu'il aurait aimé. Et ce qui était sur, c'est qu'il ne l'obtiendrait jamais en restant reclus et faiblard.

Afin de sortir de cette position inconfortable, il se leva. Pas brusquement, juste d'une façon décidée. Il se dirigea vers la fenêtre, regarda briévement dehors. Puis se tournant vers sa Professeur.

Soit! Ce qui est fait est fait, de toute façon. Il ne me reste plus qu'à m'en accomoder. Je vous remercie d'être là pour moi en ce moment.
Se rapprochant d'elle, il plongea son regard dans le sien. Essayant de faire son sourire le plus charmeur.

En parlant de ça, je me demandais si... si l'on pouvait se rencontrer à nouveau?

Anticipant un refus, conscient d'être allé peut être un peu trop loin, il était resté à distance raisonnable. Au moins, si la réponse fusait sous forme d'une gifle aurait'il le temps de la voir venir.

L'élève semblait plongé dans une sorte de conflit intérieur qu'elle pouvait comprendre d'après ce qu'elle avait vu de ses prises de positions. Etre obligé de se retrouver confronté à cette réalité : il était parfaitement capable d'user de la plus noire des magies alors qu'elle le répugnait visiblement, ne devait pas représenter sa pensée la plus agréable du moment...
Quand il se leva pour s'éloigner, elle crut qu'il allait quitter le bureau en marmonnant une excuse mais il prit la direction de la fenêtre plutôt que de la porte. Il lui tournait à présent le dos et elle ne pouvait plus voir l'expression de son visage, mais son constat lui sembla extrêmement amer. Il était sans doute écoeuré par les explications qu'elle lui avait fournies mais peut-être valait-il mieux qu'il connaisse la vérité sur ce qui lui était arrivé. Ensuite, libre à lui de décider s'il s'agissait d'un événement fondateur dans sa vie de sorcier ou s'il préférait balayer ses capacités au nom d'un idéal de pureté.
Quand il revint dans sa direction, elle se leva, un peu surprise de le voir encore arborer un sourire. Ses réflexions avaient dû le mener dans une direction qu'elle n'avait pas anticipée...
Effectivement... la question, l'intensité du regard qu'il portait sur elle étaient bien loin de l'anxiété qu'elle pensait le voir exprimer. Elle ne put s'empêcher d'arrondir légèrement les yeux. Elle avait bien le souvenir d'une élève avec laquelle ses conversations étaient plus profondes que la moyenne, mais ce genre de relation s'orientait différemment. Elle choisit donc de mettre cette proposition sur le compte du choc qu'il venait d'encaisser. Il n'y avait aucune provocation volontaire dans ses propos, elle répondit donc très sobrement.
- Cela me semble évident et même inévitable, M. Mc Beamish...
Elle ne baissa pas les yeux face au regard qu'il lui lançait. Sa réponse était parfaitement évasive et elle en avait conscience, mais la demande avait été formulée avec une sorte de maladresse qui ne la poussait nullement à se montrer cassante.

Invité

Autant la réponse de sa professeur lui convenait parfaitement, autant le ton qu'elle avait employé lui faisait parfaitement comprendre qu'ils ne parlaient pas forcement de la même chose. Dommage. D'un autre coté ce n'était pas une rebuffade comme il aurait pu craindre. Elle ne l'avait ni frappé, ni mis à la porte. Elle ne s'était pas moqué de lui non plus.

Il se rapprocha un peu, arborant toujours un leger sourire.

Si vous ne voyez pas d'objection professeur, je pense qu'il est mieux que je prenne congé. Par contre je comptais continuer à travailler sur mon sortilège. Pensez vous que je puisse trouver ces planches à la bibliothèque?

La volonté de ne pas répondre qu'elle avait manifestée avait été suffisamment claire pour que le jeune homme ne reprenne pas sur ce sujet. Quand il fit un pas supplémentaire dans sa direction, elle ne bougea pas, le fixant toujours. Elle eut un petit sourire indéchiffrable en constatant qu'il en revenait à des préoccupations plus scolaires.
- Vous trouverez quelques ouvrages sur les sortilèges en général, mais pour avoir accès à l'aspect plus particulier que nous avons abordé, il vous faudra une autorisation pour consulter les livres de la réserve.
Elle resta encore quelques instants face à lui avant de se détourner pour repartir vers son bureau, prendre un morceau de parchemin sur lequel elle griffonna son nom, celui de l'élève, et la liste des ouvrages réservés qu'elle lui permettait de consulter, des grimoires semblables à celui qu'elle lui avait montré, elle signa et se retourna pour tendre le papier à Padraïc...
- Pour ce qui est de prendre congé, M. Mc Beamish, à vous de savoir si vous avez ou non d'autres questions...

Invité

Padraïc saisit le parchemin qu'elle lui tendait. C'était la première fois qu'il allait avoir accès à la reserve. Il ressentit une grande fiertè. Cette marque de confiance lui allait droit au coeur. Un moment il eut craint que sa "tentative" n'interfère totalement dans le jugement de son Professeur.

Il savoura ce moment, où ils étaient à nouveau près l'un de l autre. A nouveau l'odeur de jasmin lui ravit les sens. Il lui fallu faire un grand effort pour qu'il ne tente pas de prendre Miss Teigne dans ses bras. Un instant il conceptualisa la scène, mais au prix d'une grande concentration il garda le controle.

Avait'il des questions à lui soumettre? Des centaines, et sur énormément de sujets variés.

Des questions? Beaucoup. Je pense en être au début de mes expériences. Surement que c'est en tatonnant, en avancant progressivement , en essayant de nouvelles choses que je vais me perfectionner et atteindre le but fixé. Je tiens à vous remercier pour votre disponibilité et votre implication. Je ferais mon possible pour être digne de votre confiance, je suis votre débiteur Professeur Teigne.

Après un dernier sourire, très franc, il se dirigea vers la porte. Il posa sa main sur la poignée et l'ouvrit. Il aurait tout donné pour qu'elle le retienne, et l'amène loin, loin de cette école ou il n'était qu'un élève. Lentement il ouvrit la porte.

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